"Être malheureux est certes à la porté du premier venu. Mais se rendre malheureux, faire soi-même son propre malheur sont des techniques qu'il faut apprendre : à cet apprentissage-là, quelques coups du destin ne suffisent pas. "
in Faites vous-même votre malheur
C'est aprèss ma semaine avec Mo que tout s'est déglingué. J'ai d'abord enchaîné avec une sorte de rage consciencieuse les crises de boulimie. Mon corps s'est enflé en quelques jours et mon psychisme a entamé sa décomposition. Mo n'y est pour rien, non bien plutôt le contexte, et la relation qui nous unit. Je devrais écrire " unissait " mais lorsqu'on a un enfant ensemble il est quasi impossible de se défaire d'un homme.
L'écouter me répéter combien il m'aime et saccager mon corps pour que son désir sans aille en répétant inlassablement pourquoi j'étais partie.
Avec mon retour à Paris, tout aurait dû rentrer dans l'ordre.
J'aurais dû perdre très vite les kilos pris cette semaine là, la mollesse qui s'était emparé de mes mouvements. Mais c'est comme si le ressort s'était brisé. Mon corps était devenu si pesant que j'aurais souhaité m'en défaire. En attendant je le cachais, j'annulais mes rendez vous, me recentrait sur mon fils et ma famille, avec au ventre un malaise grandissant.
Je m'enfonçais avec une passivité écœurante.
Repli.
" Une sorte d'égoïsme corporelle ? d'égocentrisme physique ? On sentait que ses mains, ses pieds, son nez, ses oreilles étaient uniquement pour elle, ses organes, rien de plus, elle manquait de la générosité qui murmure à une femme que sa main pourrait constituer un don tentant et excitant. Rigueur morale ? Non, non, plutôt curieuse solitude corporelle…. "
W. Gombrowicz in Cosmos
Je suis tombée malade. Des petits microbes qui aurait dûs être vite terrassé mais j'ai cette habitude détestable de nier la maladie ou la faiblesse physique quand elle se présente. J'ai fait comme si de rien n'était, je fais toujours ainsi et ça s'est aggravé.
C'est en vivant avec Mo que j'ai découvert cette tendance à la somatisation et au déni. " toi et ton corps ".
Ce matin. Le visage gonflé auquel le manque de sommeil s'était ajouté. Un mal de crâne abominable provoqué par le vin d'hier soir sans doute. Une toux détestable. Et un fils réclamant illico presto son chocolat chaud, un rendez vous important à 12h, un coup de main promis à une amie…Je devrais appeler un médecin, je devrais appeler mon école pour les inscriptions, je devrais écrire à Isaac, appeler Balthazar, Lise, Amandine, régler l'affaire Tristan, organiser mon futur…
Je devrais faire tout cela mais je ne le fais pas. Je me laisse enveloppé par le confort de la dépression.
Une forme de fuite encore.
De l'art du court circuit.